Quand on aborde le problème de l’ostéoporose, nous pensons tout de suite à un problème de santé n’intéressant que les personnes âgées.
Erreur ! Le capital os se prépare dès le plus jeune âge. Malheureusement, parmi les risques les moins connus, les boissons de type cola constituent une véritable épée de Damoclès pour la santé osseuse des jeunes générations.…
L’ostéoporose, une maladie “cassante”
Le principal problème de santé de l’os dans les pays occidentaux est l’ostéoporose, une condition de fragilité osseuse favorisant les fractures sous l’effet d’un faible traumatisme.
Son coût est énorme : 14 Mrds $/an aux USA, 3.500 millions d’Euros dépensés en soins en Europe.
L’os est un tissu vivant soumis à deux mécanismes antagonistes : formation et résorption (destruction). Un de ses rôles essentiels est de servir de réserve de nutriments pour le corps humain : le calcium, le magnésium, le phosphore et le manganèse, stockés dans l’os peuvent être ainsi mobilisés directement pour les besoins de l’organisme.
Mais l’os utilise aussi ces nutriments pour sa propre solidité.
Le rôle essentiel du calcium dans la prévention
Le calcium est l’élément minéral le plus important de l’organisme. Il donne à l’os sa solidité, mais il joue aussi un rôle crucial dans la coagulation du sang, la contraction musculaire, l’activation de certaines enzymes, la sécrétion des hormones, etc.
Une prise adéquate de calcium est considérée comme étant la réponse nutritionnelle la plus importante en vue d’obtenir une densité osseuse optimale.
Approximativement 45% de la masse du squelette de l’adulte est déposée durant l’adolescence. A cette période les rétentions du calcium sont particulièrement élevées. (1)
Un déficit chronique, en particulier chez les jeunes
Cependant dans l’alimentation moderne type, les apports en calcium sont bien inférieurs aux besoins physiologiques.
En France, les adolescentes consomment en moyenne 700 à 900 mg Ca/j. Bien que ces chiffres soient meilleurs que ceux des USA (2) ils sont très loin de l’idéal car près de la moitié des jeunes filles seraient en-dessous de ces niveaux.
Ce constat est très inquiétant, car le déficit en calcium peut être réparé seulement jusqu’à l’âge de 20 ans. Au delà, et surtout après 35 ans, le capital osseux peut seulement être protégé : il ne peut plus être augmenté.
Phosphore et calcium, l’équilibre perdu
Indépendamment d’un excédent de calories résultant de l’abus par les jeunes d’une alimentation “fast food” à l’américaine (risques d’obésité), un autre danger, méconnu vient se rajouter : l’apport supplémentaire de phosphore par les boissons de type cola (3) et par les additifs alimentaires (4) accroît la part du phosphore de la ration sans apport suffisant en calcium.
En France, la consommation moyenne de phosphore serait de 1,8 g/j/personne. En cas de non prise de produits laitiers, ce chiffre tomberait à 1,5 g pour passer à 2,3 g pour les gros consommateurs de lait et fromage. Cette dernière valeur représente 2 à 3 fois les apports recommandés !
La particularité essentielle du calcium et du phosphore est de fonctionner “dans des limites étroites” : l’absorption optimale du calcium pour une bonne formation de l’os dépend d’une quantité précise de phosphore ; le rapport calcium/phosphore optimal doit être de 1:2 à 2:1.
Cependant la présence du phosphore en quantité significative dans les boissons au cola et dans presque tous les aliments industriels réduit ce rapport à moins de 1.
L’excès de phosphore augmente donc la faiblesse osseuse, surtout si le régime manque de calcium, et peut donc être un facteur d’ostéoporose.
Conclusion
Les données démographiques indiquent que la frange de population qui croit le plus vite aux USA comme en Europe est la classe du 3 ème âge. (5)
Étant donné la prévalence de l’accroissement de l’ostéoporose avec l’âge, le calcium est essentiel dans le développement et la prévention de cette maladie.
Une prévention saine passe d’abord par le souci de garantir à la jeunesse actuelle une assurance “anti-ostéoporose maximale”. Mais force est de constater que nous n’en prenons pas le chemin…
Retenons au final que les squelettes des femmes de Cro-Magnon (génétiquement identiques aux humains contemporains) étaient plus lourds que ceux des femmes modernes. Ceci laisserait entendre que l’alimentation moderne est loin de satisfaire les besoins physiologiques en calcium, malgré les connaissances scientifiques actuelles.
Face à l’abondance alimentaire industrielle, il convient de ne pas oublier les leçons du passé et les avertissements de la nature…
-Bakri Assoumani-
Annexe
(1) 200 mg/jour pour les filles, 300 à 400 mg/jour pour les garçons.
(2) Aux USA, près de 25% des femmes, en commençant par l’adolescence, ingèrent moins de 300 mg de calcium/jour (besoins de 1000 à 1200 mg/j).
(3) En effet, la consommation de boissons carbonatées a largement augmenté ces 20 dernières années. L’acide phosphorique est utilisé comme acidifiant et agent de saveur dans tous les colas, qui contiennent de 129 à 205 mg de P par litre. Ainsi, la consommation d’un litre de cola peut contribuer à près de 20% des apports de phosphore !
La plupart des boissons carbonatées sont consommées par des personnes âgées de 19 à 44 ans.
(4) Les phosphates utilisés par l’industrie agro-alimentaire contribueraient à hauteur de 400 mg de P/jour/personne, voire à plus de 500 mg aux USA.
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