La réaction du consommateur aux nouvelles technologies agro-alimentaires : implications dans la prédiction de l’acceptation des techniques émergentes.

Consumer Response to Novel Agri-food Technologies: Implications for Predicting Consumer Acceptance of Emerging Food Technologies. L.J. Frewer et al. Trends in Food Science and Technology  2011; 22(8): 442-456.

http://www.ilsi.org/Europe/Pages/ViewItemDetails.aspx?PID=249&ListName=Publications

La question de l’acceptation par le consommateur des technologies alimentaires et leurs applications doit être abordée tôt dans le développement de la technologie.
Toutefois, si l’évaluation complète de l’acceptation par les consommateurs est nécessaire pour toutes les technologies liées aux aliments, cela est a priori incertain. Un examen des études de sept technologies alimentaires associées à différents niveaux d’acceptation du public suggère que celles qui sont caractérisées comme “bioactives” soulèvent des préoccupations particulières – liées à des effets imprévisibles, l’utilisation incontrôlée, et de préoccupations éthiques. Les perceptions du “non naturel” seules sont peu susceptibles de porter une technologie alimentaire à des niveaux élevés de rejet du public. La confiance dans la réglementation et l’étiquetage efficace sont également des considérations importantes.

Cette revue s’attache à analyser, caractériser et comparer une large gamme de technologies, allant de celles qui ont été reçues négativement et celles qui risquent à l’avenir de l’être, à celles qui ont reçu un accueil plus favorable par le public.

Sept technologies sont retenues et, en premier discutées individuellement, puis comparées et contrastées.

  • Les aliments et les plantes génétiquement modifiés.

La modification génétique (OGM) a été appliquée à diverses plantes, y compris celles destinées à l’alimentation humaine et animale, et à la production animale. Le processus implique le transfert d’un ou plusieurs gènes d’une plante/animal à un autre à l’aide de différentes techniques, conférant ainsi divers avantages en termes de nutrition et d’impact environnemental. De façon générale, les résultats suggèrent que la technologie agroalimentaire issue des OGM est considérée comme à hauts risques pour des avantages relativement faibles.

  • La nutrigénomique et la nutrition personnalisée.

La nutrigénomique mesure les interactions fonctionnelles entre la nutrition et le génome humain. Les experts et autres intervenants prédisent que la nutrigénomique va apporter des améliorations en matière de santé publique grâce aux études les relations entre l’alimentation et les différences génétiquement déterminées notamment sur les maladies chroniques. Cela, tant au niveau des aliments et de leurs composants comme causes de maladies, et comme agents préventifs ou curatifs, bien qu’il y ait des incertitudes quant à la forme concrète qu’auront de tels développements. La sensibilisation du public à la nutrigénomique est à ce jour faible et, l’étude sur son acceptation par les consommateurs est principalement axée sur les évaluations de futurs scénarios potentiels.

  • Le clonage animal.

Le clonage a été initialement utilisé en microbiologie et en agriculture, et est le processus de multiplication des organismes simples par le biais de la reproduction asexuée pour créer une population d’individus identiques. En 1996, le premier animal cloné a été la brebis Dolly. La sensibilisation du public sur le clonage animal n’est pas élevée. Cependant, le public est préoccupé par les risques biologiques, toxicologiques, environnementaux et sanitaires posés par la technologie du clonage animal, mais aussi par ce que la technologie signifie pour la société. Plus généralement, il considère que les avantages iront à l’industrie plutôt qu’aux individus ou à la société dans son ensemble.

  • La nanotechnologie.

La nanotechnologie (porte sur des particules de très petite taille, allant de 1 et 100 nm) a conduit à des matériaux possédant des propriétés particulières à cette échelle. La nanotechnologie est utilisée dans le développement de nouveaux aliments et d’emballages alimentaires aux avantages uniques (par exemple, la prévention de la croissance des micro-organismes  ou des meilleures performances mécaniques et thermiques). Le public européen semble être moins optimiste au sujet des nanotechnologies, comparé aux consommateurs américains.

  • L’irradiation des aliments (ou ionisation).

L’irradiation des aliments est une méthode de conservation qui consiste à exposer des aliments aux rayons gamma, rayons X ou aux électrons. Ses principaux avantages sont qu’elle tue les organismes pathogènes, y compris les Salmonelles, Listeria, Campylobacter et E. Coli, tout en ayant un impact minimal sur la qualité des produits alimentaires. La recherche montre que les gens ne connaissent pas l’irradiation des aliments. Malgré cela, ils ont des opinions négatives au sujet de son application.

  • Le Traitement par Hautes pressions (HPP : High-pressure processing ) ou “pasteursation à froid”.

Avec les HPP, le produit alimentaire est soumis à de fortes de pressions (généralement hydrostatiques) pouvant atteindre 6000 bars. Il s’en suit une inactivation des micro-organismes et des enzymes, ce qui conduit à une prolongation de la durée de conservation. Le procédé n’affecte pas la teneur en vitamines, les caractéristiques organoleptiques et la couleur. En général, la sensibilisation du public au sujet des HPP est faible. L’étude suggère que le public est neutre à légèrement positif sur les HPP, avec seulement de petites différences culturelles dans l’acceptation.

  • Les champs électriques pulsés (CEP).

Les champs électriques à haute intensité sont utilisés pour inactiver les micro-organismes et les enzymes. Les impulsions à haute tension permettent de rompre les membranes cellulaires des micro-organismes, les rendant ainsi perméables aux petites molécules, et provoquant leur gonflement et leur rupture. Les CEP peuvent être appliqués aux produits alimentaires liquides et semi-liquides comme les jus de fruits, les soupes et les œufs liquides. Le procédé des CEP est considéré comme sûr car il ne génère aucune réaction chimique dangereuse. Comme pour les HPP, la sensibilisation du public aux CEP est faible et les réponses d’appréciations varient de légèrement positif à légèrement négatif.

Conclusion :

Une phrase résume cette étude : Le développement commercial des technologies alimentaires nécessite de les aborder au moyen d’enquêtes d’ordre psychologique, social, politique et historique.